Introduction au peuple innu

Les Innus et leur territoire

Selon la tradition orale innue, le monde est une île créée par le carcajou et le vison après une grande inondation. Les fouilles archéologiques montrent que les Innus et leurs ancêtres occupent une grande partie du Labrador et de l'Est du Québec depuis au moins deux mille ans. Les Innus appellent ce territoire « Nitassinan Â».

Au moment du contact avec les Européens, les Innus avaient déjà mis sur pied un réseau considérable de commerce et de parenté dans une grande partie de la péninsule du Québec et du Labrador. Du chert de Ramah (un quartz solide de Ramah Bay, au Labrador), de la poterie et d'autres produits faisaient l'objet d'échanges dans tout le territoire. Des fouilles archéologiques démontrent l'existence du commerce du chert de Ramah jusqu'au Nord-est des États-Unis.

Avant leur établissement dans des villages au cours des années 1950, les Innus étaient organisés en petits groupes familiaux de chasse qui se déplaçaient d'une région à l'autre du territoire au gré des saisons. Au cours des mois d'été, ils se rassemblaient autour de grands lacs ou sur la côte, à des endroits où les ressources étaient abondantes et où le vent rendait les mouches moins agaçantes.

Les hardes de caribous de la péninsule fournissaient aux Innus non seulement de la viande, mais aussi des vêtements, des revêtements de tente, la babiche pour les raquettes ainsi que des outils. Les caribous étaient également source de nourriture spirituelle pour les Innus. Encore aujourd'hui, le maître caribou demeure le plus important de tous les êtres dans la religion traditionnelle innue.

Les plus âgés des Tshishennuat (aînés) se souviennent du temps où les caribous étaient tués à la lance à partir de canots lorsqu'ils traversaient la Mushuau-shipu (rivière George). Ils se rappellent qu'ils vivaient dans des shaputuan (habitations multifamiliales) chauffés par des feux de bois, qu'ils chassaient la perdrix à l'arc et portaient des vêtements en peau de caribou.

Les cartes de leur territoire faites par les Innus pour les négociations territoriales montrent d'innombrables itinéraires de voyage, sites de camps, cimetières, lieux de naissance, régions de récolte de caribous et d'autres animaux sauvages, lieux d'importance mythologique, itinéraires de migration de caribous, ainsi que les noms innus de nombreux lacs et rivières du territoire. Ces noms et ces cartes prouvent que le Labrador et l'Est du Québec n'étaient pas des contrées vierges, inexplorées et « sauvages Â», mais constituaient une terre culturelle occupée par les Innus depuis de nombreuses générations.

Pour les Innus, le territoire constitue leur histoire, leur culture et leur avenir. Il est un réservoir d'animaux sauvages et de ressources naturelles qui les font vivre depuis des générations et qui, espèrent-ils, continueront de le faire dans l'avenir. Aujourd'hui, l'histoire de leur vie dans ce territoire est la source de l'identité innue et continue de jouer un rôle actif dans la poésie, le cinéma, la musique, l'artisanat et de nombreuses autres formes d'expression créative des Innus.

Les Innus de nos jours

Au nombre de plus de 17 000, les Innus, autrefois appelés Montagnais ou Naskapi, habitent le territoire appelé Nitassinan (le Labrador et l'Est du Québec). Ils sont établis dans 12 localités différentes : Natuashish (autrefois Utshimassit ou Davis Inlet), Tshishe-shatshu, Pakut-shipu, Unaman-shipu, Nutashkuan, Ekuanitshu, Uashau-Mani-Utenam, Pessamiu, Essipiu, Mashteuiatsh, Matimekush et Kauauatshikamatsh. La très grande majorité des Innus parlent toujours leur propre langue appelée innu-aimun .

Le peuple innu a subi des changements importants au cours des 50 dernières années, avec son intégration progressive à l'économie mondiale. L'éducation officielle et l'emploi sont des priorités pour les jeunes générations, alors que les Tshishennuat (aînés) soulignent l'importance de maintenir des liens avec le territoire et les traditions innues.

Certaines communautés innues ont connu de sérieux problèmes sociaux, et le fait de passer du temps dans le pays est considéré comme une avenue de solution à ces problèmes. La plupart des Innus attachent de l'importance aux négociations territoriales en vue de retrouver la maîtrise de leur territoire. Une de leurs priorités est aussi d'avoir part aux bénéfices tirés de l'exploitation des ressources de leur territoire. Les Innus ont sûrement d'importants défis à relever mais ils ont connu de nombreuses difficultés dans le passé et ont prouvé qu'ils ne se laissent pas abattre.

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