Histoire 9


La vie innue d'autrefois

Autrefois, les Innus vivaient à leur manière, et les aînés enseignaient leur culture à leurs enfants et petits-enfants : comment chasser et comment élever leurs propres enfants. Parfois, les enfants aidaient leurs parents et grands-parents.

Les aînés enseignaient aux enfants comment respecter les caribous, les perdrix, les porcs‑épics, ainsi que les os de caribou. Et parfois, les Innus montraient à leurs enfants comment faire la bannique.

Un jour, ma mère m'a raconté une histoire à propos de sa mère enceinte. En 1978, ils ont passé une année entière dans l'arrière-pays. Il y avait environ cinq familles, dont la sienne. Sa mère est entrée en travail prématuré alors qu'elle était enceinte de sept mois. Elle devait accoucher en mars 1979 mais le travail commençait avec deux mois d'avance. Ma mère avait environ sept ans et elle dit qu'elle ne se souvient bien pas de tout ce qui est arrivé ce jour-là, mais elle se rappelle que son oncle Sam et sa femme Frances ont fait tout ce qu'ils ont pu pour aider.

Ils ont essayé de communiquer avec l'infirmière par radio, mais ils n'ont pu joindre personne. Quelques heures plus tard, ils ont finalement pu parler à l'infirmière, qui leur a dit que l'hélicoptère serait là une heure plus tard avec un médecin.

Quand ma mère est les autres sont revenus à la tente avec Frances, ils ont remarqué que le ciel était un peu sombre et qu'il commençait à neiger. Une demi-heure plus tard, la neige tombait plus dru et le vent s'est mis à souffler. Tout le monde commençait à s'inquiéter.

Quelques heures ont passé. En attendant l'arrivée de l'hélicoptère, tout le monde savait que ma grand-mère allait de plus en plus mal, et que le bébé naîtrait avec ou sans médecin. La grand-mère de ma mère avait déjà vécu ce genre de situation et avait fait des accouchements dans le passé. Quand elle arriva à la tente, elle demanda d'être seule pendant un moment avec ma grand-mère pour pouvoir l'examiner.

Quelques minutes plus tard, elle dit qu'il n'y avait plus de temps et qu'elle pouvait sentir la tête du bébé. Lorsque la dilatation fut complète, elle se prépara à faire l'accouchement elle-même avec l'aide des autres personnes présentes dans la tente.

On demanda au père de ma mère d'aller chercher du bois pour que la température soit agréable dans la tente, à d'autres d'aller chercher des serviettes propres, et à certains d'aller chercher des couvertures pour envelopper le bébé après sa naissance. C'est à ce moment-là qu'on dit aux enfants d'aller attendre dehors.

Ma mère a raconté qu'ils ont attendu quelques minutes, puis qu'ils ont entendu le bébé pleurer. Le père de ma mère a dit que les enfants pouvaient venir dans la tente voir leur nouveau petit frère Paul. Environ 20 minutes plus tard, l'hélicoptère a atterri et le médecin s'est précipité dans la tente pour voir si tout allait bien.

Le médecin a annoncé que le bébé se portait on ne peut mieux mais qu'il devrait aller à l'hôpital à Goose Bay parce qu'il était tout petit (étant né deux mois en avance). Mais la bonne nouvelle, c'était que le bébé allait parfaitement bien. L'hélicoptère a emmené ma mère et le bébé à l'hôpital, d'où ils sont revenus environ deux semaines plus tard.

Tout le monde était heureux que l'accouchement se soit bien passé et que, au bout du compte, la mère et l'enfant se portent bien. Lorsqu'ils sont revenus à la maison, le bébé était plein de vie et bougeait beaucoup.

Voilà ce que j'avais à raconter. La mère était ma grand-mère, et le bébé mon oncle. Le père était mon grand-père, mais je ne l'ai pas connu. Il est décédé alors que j'étais bébé, et ma grand-mère est décédée il y a quatre ans. Mon oncle Paul va bien mais il est parfois bien embêtant.

Mes autres grands-parents ont commencé à m'emmener à la campagne quand j'étais bébé mais ils ont cessé d'y aller quand j'avais environ dix ans. Je ne sais pas pourquoi.

Ils me montraient des choses, comme la fois où ma grand-mère m'a appris à faire la bannique. J'avais beaucoup de plaisir. Comme quand mon père et moi allions en bateau avec mon oncle Courtland pour chasser la bernache. Parfois, j'allais marcher dans le bois avec mon grand-père et son chien. Tout cela me manque aujourd'hui!

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